Marche ou crève de Stephen King

Mieux que le marathon… la Longue Marche. Cent concurrents au départ, un seul à l’arrivée. Pour les autres, une balle dans la tête. Marche ou crève. Telle est la morale de cette compétition… sur laquelle une Amérique obscène et fière de ses combattants mise chaque année deux milliards de dollars. Sur la route, le pire, ce n’est pas la fatigue, la soif, ou même le bruit des half-tracks et l’aboiement des fusils. Le pire c’est cette créature sans tête, sans corps et sans esprit qu’il faut affronter : la foule, qui harangue les concurrents dans un délire paroxystique de plus en plus violent. L’aventure est formidablement inhumaine. Les participants continuent de courir en piétinant des corps morts, continuent de respirer malgré l’odeur des cadavres, continuent de vouloir gagner en dépit de tout., Mais pour quelle victoire ?

 

Une dystopie d’anticipation, comme on peut les aimer, classé parmi les 100 meilleurs livres pour ado entre 1966 et 2000.

Stephen King a écrit ce roman en 1966-1967 alors qu’il était étudiant. L’idée lui est venu en faisant de l’auto-stop. C’est le premier roman que l’écrivain a réussi à terminer. Il l’a présenté à un concours du premier roman organisé par Random House, qui l’a rejeté. Finalement le roman est publié en 1979 sous le pseudonyme de Richard Bachman.

Un titre qui colle parfaitement à la trame du bouquin, ce qui assez rare pour le souligner !

Garraty, fait partie des 100 participants à la « La Longue Marche », qui se déroule dans un futur indéterminé, une fois par an, le 1er mai, dont le fonctionnement est très simple : marcher sans interruption, à un rythme imposé de 6,5km/h. C’est un événement très attendu, retransmis à la télévision et suivi par des milliers de personnes. La marche ne s’arrête que lorsqu’il ne reste qu’une personne, le vainqueur, qui aura tenu plus que tous les autres.

Cette Marche repose sur un principe simple : à chaque infraction, marcher sous la vitesse minimale, enfreindre une des règles de la marche, le marcheur  reçoit un avertissement. Une heure sans infraction permet d’effacer un avertissement.

L’élimination est définitive puisque le groupe est suivi par un half-track dans lequel se trouvent des soldats armés. Après trois avertissements, le marcheur est éliminé : « il reçoit son ticket »

L’élimination c’est l’exécution ! Une balle dans la tête, Marche ou crève !

L’auteur commence lentement son récit, pour arriver à son paroxysme dans l’horreur et la descente en enfer.

Ray Garraty « de plus en plus détaché de la réalité » est poussé dans ses retranchements, ses sentiments sont de plus en plus aiguisés et il prend de plus en plus conscience de lui-même et du monde qui l’entoure.

La peur, la solitude, la terreur, l’épuisement, nous sommes tous au bord de ce gouffre de folie avec ce compte à rebours qui devient obsessionnel.

Cette Amérique futuriste, avec sa foule en délire qui harangue les marcheurs. Cette foule assoiffée de sang, qui en fin de compte fait penser aux jeux de téléréalité qui inondent notre société.

J’ai vraiment aimé ce bouquin, la survie et la mort au rythme de cette marche lente et étouffante à la fois. J’ai trouvé tout cela tellement fou, irréaliste et tellement proche de ce que l’on voit parfois à la télé de nos jours ! Cette perversion, cette soif de voir l’autre vivre, cette soif de reconnaissance, cette connexion aux réseaux sociaux, qui laisse croire que la gloire arrive juste parce qu’on vous voit, ce livre offre de sacré similitudes avec notre époque !



Catégories :Fantastique/Science-fiction/Uchronie/Dystopie...

20 réponses

  1. oui, clairement tous les romans à la Hunger games doivent leur filiation à ce bouquin de King / Bachman.
    Il est toujours d’actualité, après toute ces années, tu ne trouves pas ?

    Aimé par 2 personnes

  2. Idem,il est passé aussi à la trappe chez moi 🙂 Et pourtant j’en ai avalé un certain nombre de Stephen King.
    Et sous le pseudo de Richard Bachman, il avait aussi écrit « la peau sur les os » que j’avais bien aimé

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  3. Cela fait 6 mois que je me dis qu’il faut que je l’achète, ton avis me confirme ce désir !

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  4. Je ne connaissais pas ce livre de l’auteur mais j’ai très envie de le lire =)

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  5. Je ne connaissais pas ce roman de King! Par contre le principe me fait beaucoup penser à Running Man, qui est un peu de la même veine: téléréalité, abbatage sanglant des candidats… D’une modernité déroutante.

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  6. Si mes souvenirs sont bons, il fut écrit pour dénoncer certains jeux de téléréalité qui avaient déjà cours en Amérique… mais faudrait que je vérifie mes sources parce que j’ai lu ce King dans les années 90, ça date !

    Nous sommes dans une société de marche ou crève… si tu suis, tant mieux, si tu suis pas, on te laisse sur le bord de route et tu n’auras plus qu’à attendre l’half-trak ! 😦

    Aimé par 1 personne

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