L’attentat – BD de Loïc Dauvillier et Glen Chapron d’après le roman de Yasmina Khadra

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A sa lecture, Loïc Dauvillier apprécie le roman de Yasmina Kahdra,  vendu à plus de 600 000 exemplaires en France et traduit dans plus de 20 pays. Une rencontre avec Glen Chapron et le projet est lancé.

J’ai adoré le roman de Yasmina Khadra, ainsi que le film adapté du même livre. Lorsque j’ai vu cette BD passée sur le blog de Collectif polar  je ne pouvais pas passer à côté de cette découverte !

Yasmina Khadra a participé au suivi de ce roman graphique et les auteurs, Loïc Dauvillier et Glen Chapron se sont documentés pour en faire un récit de grande précision et plein d’émotion.

Une quête en recherche de vérité, si celle-ci existe…

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On est très vite dans le vif du sujet, pas plus d’une dizaine de planches pour que l’aventure d’Amine démarre.

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La tension est palpable et visuelle, le visage d’Amine évolue au fil des planches. Amine va prendre des coups sans en donner. On le traite de sale « bougnoule », sa maison est mise à sac. Un découpage astucieux permet de délimiter des parties :

L’attentat en introduction. La première partie l’acceptation de reconnaissance du statut de kamikaze, sur presque 35 planches.

« Je n’arrive plus à savoir où finit le deuil et où commence le veuvage. »

La seconde partie, la tentative de compréhension. La dernière partie, de même longueur que la précédente, le final. Le récit entrecoupé de page blanche avec une pensée d’Amine, permettent de reprendre son souffle.

« Je n’ai pas l’intention de me venger ou de démanteler le réseau. Je veux juste comprendre comment la femme de ma vie m’a exclu de la sienne ».

L’histoire est dense et juste. Un drame intime mais dans lequel l’aspect politique du conflit israélo-palestinien est prégnant. Les termes islamiste, intégriste, sont définis comme il se doit et apportent une compréhension de qualité.

Cette BD suscite beaucoup de questions sans apporter de réelles réponses…

« Je ne comprendrai jamais pourquoi les survivants d’un drame se sentent obligés de faire croire qu’ils sont plus à plaindre que ceux qui y ont laissé leur peau. »

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La situation du contexte est abordée avec talent ainsi que la douleur de chaque camp. Les illustrations sont aussi juste que les paroles, franches et directes. Au de-là de cette BD plusieurs réflexions s’imposent, notamment le respect des droits, la lutte de ces deux peuples meurtris. Que penser du Mur de la honte ? Comment un peuple peut ressentir le besoin de s’enfermer au sein même de ses frontières ?

« Le juif erre parce qu’il ne supporte pas les murs. Ce n’est pas un hasard s’il a élevé un rempart pour se lamenter dessus. »

Que penser des palestiniens qui, pour manifester leur opposition et leurs souffrances, envoient leurs enfants se suicider ?…

« Une dernière remarque : A force de vouloir ressembler à tes frères d’adoption, tu perds le discernement des tiens. »

Je vous invite à découvrir cet BD.

« La difficulté commence quand ceux qui se la coulent douce viennent tirer l’oreille à ceux qui sont dans la merde jusqu’au cou… »

J’ai eu le même sentiment de frustration et les mêmes réflexions qu’en refermant le livre, cette BD ne m’a pas laissé indifférente et je me suis encore posée tout plein de questions !

« – Tout Juif de Palestine est un peu arabe et aucun arabe d’Israël ne peut prétendre ne pas être un peu Juif.
– Tout à fait d’accord avec toi. Alors pourquoi tant de haine dans une même consanguinité ? »

C’est une  » claque  » MAGISTRALE !

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Amine, chirurgien israélien d’origine palestinienne, a toujours refusé de prendre parti dans le conflit qui oppose son peuple d’origine et son peuple d’adoption, et s’est entièrement consacré à son métier et à sa femme, Sihem, qu’il adore. Jusqu’au jour où, au cœur de Tel Aviv, un kamikaze se fait sauter dans un restaurant, semant la mort et la désolation. Toute la journée, Amine opère les victimes de l’attentat, avec pour tout réconfort l’espoir de trouver le soir l’apaisement dans les bras de Sihem. Mais quand il rentre enfin chez lui, au milieu de la nuit, elle n’est pas là. C’est à l’hôpital, où le rappelle son ami Naveed, un haut fonctionnaire de la police, qu’il apprend la nouvelle terrifiante : non seulement il doit reconnaître le corps mutilé de sa femme mais on l’accuse elle, Sihem, d’être la kamikaze… Amine ne peut tout d’abord admettre que sa femme, qui n’a jamais manifesté un attachement particulier à la cause palestinienne, ait pu commettre un acte aussi barbare. Pourtant, il doit se résoudre à accepter l’impossible quand il reçoit le mot qu’elle lui a laissé. Alors, pour comprendre comment elle a pu en arriver à une telle extrémité, il s’efforce de rencontrer tous ceux qui l’ont poussée à ce geste fou. Et doit écouter sans répit une vérité qu’il ne peut pas entendre.

Scénario :  Loïc DAUVILLIER – Dessin et couleur : Glen CHAPRON – Editeur : Glénat – Planches : 160 – Parution : 2012

Biographie des auteurs :

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Loïc Dauvillier est né à Cambrai. Scénariste, scénographe et éditeur des éditions charette. En 2004 il se lance avec Marc Lizano au scénario, dans une première série jeunesse de trois tomes, La Petite Famille (Carabas). Depuis on a vu venir des récits jeunesse, une adaptation d’une nouvelle de Gogol, Le Portrait (Carabas), un Oliver Twist d’après Dickens (Delcourt), un Tour du monde en 80 jours d’après Jules Verne (Delcourt), mais aussi des livres plus sombres qui révèlent une autre facette d’un scénariste atypique et exigeant. En 2009 est paru Inès (Drugstore), en collaboration avec Jérôme d’Aviau au dessin. 

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Glen Chapron, né en Bretagne, apprend la gravure à l’école Estienne de Paris avant de s’orienter vers l’illustration. Il intègre les Arts-Décoratifs de Strasbourg, y rencontre les futurs membres du collectif Troglodyte et lance le fanzine trimestriel d’illustration et de bande dessinée Écarquillettes, où seront publiées les premières planches de Vents dominants (2009), une chronique sociale avec Julia Wauters au scénario (Sarbacane). Il a participé également à la série phare Les Autres Gens (Dupuis).

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Catégories :BD/Romans graphiques

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12 réponses

  1. Comme je suis heureuse que cette superbe BD est su te séduire à ce point.
    Tu en parles merveilleusement bien.
    Magnifique chronique chère Ju pour cette non moins magnifique adaptation du tout aussi magnifique roman de Yasmina Khadra.
    J’ai eu la chance de rencontrer en m^me temps l’illustrateur ainsi que la’auteur du roman. J’en garde de très beau moment d’échange mais aussi une magnifique dédicace sur cette BD.

    Aimé par 2 personnes

  2. Oh, j’avais loupé ton nom en vérifiant dans le lecteur WP ! J’avais vu la bédé mais pas vu que c’était toi !

    Aimé par 2 personnes

  3. je vais essayer de le voir au festival d’Avignon. j’avais adoré le livre.

    Aimé par 1 personne

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  1. Errons de blog en blog #4 – graceminlibe

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